Théâtre du Capitole
> 27 février

Idoménée

Coproduite avec le Festival d’Aix en Provence, qui avait déjà programmé cet opéra dans une mise en scène peut être plus classique en 2009, l’Idoménée de cette saison repose sur un choix scénographique lié au manque de profondeur de la scène de l’Archevêché d’une part et au parti pris de transposer l’histoire au Japon, sans modification de texte ou de musique. Dès que l’on sort du classicisme, on s’expose aux critiques parfois acerbes au nom d’un purisme seul légitime et autoproclamé. J’avais dit sur notre site tout le bien que je pensais de la reprise de la mise en scène de Jean-Pierre Ponnelle au Met en octobre 2022, exactement 40 ans après sa première, mais cela ne m’incite pas au rejet du travail de cet Idoménée toulousain, allègrement japonisé – décors minimalistes dans la ligne du théâtre No et costumes traditionnels nippons pour tous les protagonistes, à l’exception de la princesse Ilia, dans une robe blanche d’inspiration années 30, comme sa robe de mariée au moment du final. Ces costumes, très soignés, dans des camaïeux de beige et de gris, solennisent les protagonistes, perchés sur leurs colonnes mobiles dans un décor sobre de panneaux monochromes ou, au besoin animés par des projections colorées. . Les choristes du chœur Les Eléments de Joël Suhubiette sont au masculin comme au féminin des soldats japonais vêtus uniformément d’une tenue peu seyante dont le but est sans doute de les faire se fondre dans la masse en ne suscitant qu’une attention collective à des prestations au demeurant de très grande qualité. La gestuelle simple de Marie Perbost ( Ilia) convient à ce rôle d’une grande intensité, toutefois marqué par une grande réserve. A un aigu près rattrapé de justesse, Idamante (Cyrille Dubois) est excellent, à la fois révolté et soumis au pire, avant que l’amour ne triomphe et qu’il puisse s’unir à Ilia dans un final sublime. Idoménée ( Ian Koziara) est incarné à la perfection et donne une présence remarquable à ce roi qui ne peut accepter les exigences sanguinaires des Dieux, tout en se soumettant au sacrifice ultime, la mise à mort de son fils requise par Neptune. Une grande rigueur dans l’exécution d’airs pourtant difficiles auxquels il donne une véritable vie. Enfin Andrea Soare, souvent présente au Capitole, dans des seconds rôles, donne ici la pleine mesure de son talent en incarnant une Electre terrible dans sa violence, sa haine et sa jalousie. Son costume encourage des positions hiératiques qui tranchent et soulignent sa fureur qui va jusqu’à la folie.
Un beau spectacle qui illustre la vitalité du Théâtre et de sa direction, prêts à faire des choix hardis peut-être mais qui donnent à Idoménée une vigueur nouvelle que le public a applaudi sans réserve.

Danielle Anex-Cabanis
Publié le 13/03/2024 à 19:04.