Théâtre antique
> 9 juillet

Aïda : un peuple en marche

Chorégies d’Orange
L’opéra péplum de Verdi retrouvait le mur d’Orange dans une scénographie très aboutie de Charles Roubaud. Des sphinx à la cour et au jardin nous rappellent que nous sommes en Egypte, mais l’excellente idée de Charles Roubaud de transposer l’œuvre à l’époque du protectorat britannique est fort bien vue. Donc pas d’Egypte de carton pâte et nous oublions Cléopâtre pour Khartoum. Cela donne de belles images comme ce peuple en marche projeté sur l’immense mur lors de l’illustre triomphe. Les costumes bleu nuit sont beaux et l’ensemble cohérent. Notons le ballet tout particulièrement réussi. Charles Roubaud nous livre l’image d’une Egypte coloniale, tourmentée par ses crises internes et nous oublions les barbes postiches et autres attributs des pharaons. Voilà qui est fort bien.

La distribution est dominée par l’impériale Amnéris d’Ekaterina Gubanova à la voix d’acier. Le mur est à genoux. Plus en retraits, Indra Thomas-Aïda et Carlo Ventre- Radames n’arrivent pas à nous émouvoir totalement malgré un beau dernier acte et un port royal pour Indra Thomas. Notons la belle prestation de Giacomo Prestia en Grand Prêtre et de Ludivine Gombert qui déploie une belle autorité vocale en prêtresse.

Tugan Sokhiev conduit les troupes du Capitole avec fièvre, étire les phrases verdiennes parfois à l’excès ce qui a pour conséquence de faire ressortir leur indigence musicale. Parfois, la fougue l’emporte-un peu trop? Mais il vaut mieux retenir la passion dans ce qui reste un opéra très kitsch tant au plan du livret que du texte musical.

L’idée de reprendre Aïda reste une bonne idée et le lieu magique s’y prête à la perfection. Reste cependant une ville malade de son festival qui n’arrive pas à accueillir comme il se doit des milliers de mélomanes venus communier autour de la musique! A nous de savoir retenir les instants de magie.

Marc Laborde
Publié le 10/07/2011 à 09:59, mis à jour le 26/01/2019 à 19:35.