Halle aux grains
> 20 novembre

Hélène Grimaud

Photo par Mat Hennek
Après son passage en 2010, Hélène Grimaud revient avec un programme tout à fait neuf, largement inspiré par le thème de l’eau. La première partie du récital démarre par le Wasserklavier de Berio, suivi du Rain Tree sketch II de Toru Takemitsu qui reprend le thème de l’arbre dont les petites feuilles stockent la pluie pour la redistribuer quand la sécheresse arrive. Suit la 5ème Barcarolle de Fauré, puis Les jeux d’eau de Ravel, inspirés par un alexandrin de Henri de Régnier: «Dieu fluvial riant de l’eau qui le chatouille». L’ «Almeria» d’Albeniz évoque la mer plate sous le soleil brûlant de l’été, tandis que Liszt, devenu vieux, se rappelle les années de voyage avec Marie d’Agout alors qu’il évoque «les jeux d’eau de la villa d’Este»: l’eau jaillit, ruisselle alors même que l’on songe à de la musique religieuse. Janacek avec «Dans les brumes» et Claude Debussy mettent fin à la première partie. Le jeu est brillant et la salle est conquise par la diversité des morceaux et l’interprétation brillante de la pianiste.
En seconde partie, Hélène Grimaud propose la très belle et très brillante «Sonate 2 en fa dièse mineur, opus 2» de Johannes Brahms, évocatrice des vagues et rouleaux de la mer du Nord et dédiée à Clara Schumann son égérie pendant plus de 40 ans. Là encore, on a droit à une démonstration éblouissante.
C’est une belle soirée, mais est-ce une bonne soirée? On reste partagé entre la fascination qu’exerce une artiste qui a une présence sur scène exceptionnelle, mais à certains égards «surjoue». L’émotion n’est finalement pas toujours au rendez-vous. On applaudit à tout rompre, mais on reste sur sa faim malgré trois bis aussi éblouissants que le récital initial.

Danielle Anex-Cabanis
Publié le 01/12/2014 à 20:01, mis à jour le 26/01/2019 à 19:35.