Halle aux Grains
> 12 janvier

Masques d’apparat

Orchestre National du Capitole de Toulouse
Photographie par Jiyang Chen
Timothy Ridout, alto
Michel Bouvard, orgue
Kazuki Yamada, direction


Timothy Ridout, jeune altiste britannique qui brille déjà sur toutes les plus grandes scènes, ne fait qu’une bouchée du concerto pour son instrument de Béla Bartók. Doué d’une facilité technique époustouflante, il nous enchante d’une musicalité aussi pure qu’irradiante. Les trois mouvements de cette page crépusculaire à l’austère beauté se déroulent, grâce au superlatif soutien de l’Orchestre National du Capitole de Toulouse aux mains d’un Kazuki Yamada des grands soirs et de l’immanente implication de ce soliste, tel un rêve éveillé entre douces lumières et ombres redoutables. Le triomphe qui l’accompagne ne peut amener que deux bis: le premier en solo, un mouvement de la sonate opus 25 1 de Paul Hindemith et le second accompagné par Jaewon Kim, violon solo de l’orchestre, dans un duo pour 2 violons ( ici pour violon et alto) de Béla Bartók intitulé Bánkódás (Chagrin). Là encore notre altiste nous éblouit tout autant.
Ouvrant le concert la suite pour orchestre Masques et bergamasques de Gabriel Fauré, douce farandole inspirée de la commedia dell’arte, ne cache aucun de ses apprêts dans une légère évanescence manquant parfois d’un peu de malice.
Enfin, la troisième symphonie de Camille Saint-Saëns que Kazuki Yamada dirige toujours avec une altière légèreté communicant à son orchestre une virtuosité débridée qui tire l’œuvre vers les délires listztiens qui l’ont certainement inspiré. L’orgue aux mains de Michel Bouvard, le piano, les bois et les percussions sont à la fête et magnifient cette lecture inspirée.

Jean-Félix Marquette
Publié le 22/01/2024 à 17:37.