Emilie Capulet

Henri Tomasi, œuvres pour piano
Paysages, Fantoches, Menuet, Tarentelle, Pièces brèves suite 1 et 2, Danseuses de Degas, Le coin de Claudinet, Berceuse de la Belle et la Bête, Le poème de Cymos, Féérie laotienne. CD Calliope.

Ce magnifique double CD présentant pour la première fois l’intégrale des pièces pour piano d’Henri Tomasi, ce compositeur marseillais méconnu, intègrera assurément une discothèque idéale. Henri Tomasi, premier Prix de direction d’orchestre au conservatoire de Paris, second Prix de Rome (combien prestigieux) en composition, débute très jeune en improvisant pour le cinéma muet: le début d’une grande créativité. Tout l’humanisme de ce compositeur transpire dans cet opus grâce à une interprète charismatique, très investie dans ce noble projet. Emilie Capulet (docteur en musicologie et en littérature, professeur d’université, pianiste-conférencière, journaliste musicale et concertiste) nous livre une version magistrale et absolument passionnante de cette intégrale. Son travail de recherche, certaines partitions étant encore manuscrites et son immersion totale dans l’esprit de cette musique de la première moitié du XXe siècle font mouche. Une forme d’évidence naît de son interprétation lucide, naturelle, expressive et toujours virtuose. Le propos est clair, la sensibilité musicale exacerbée, l’émotion totale. Son toucher magique, à la fois sensuel, vigoureux et varié lui permet de restituer à merveille les couleurs de cette merveilleuse époque artistique. Dans le premier disque qui regroupe différentes pages, nous retiendrons les subtils Paysages, les très expressives Pièces brèves, les Danseuses de Degas ici fantastiques et multicolores, la poétique Berceuse de la Belle et la Bête et le très évocateur Cymos. Le coin de Claudinet, recueil de diverses pièces pour enfants inspiré du folklore provençal où objets et jouets s’animent, est brillamment restitué avec la juste dose d’humour, d’insolence de magie et parfois de naïveté. La Féérie laotienne qui compose le deuxième disque, musique de ballet transcrite pour piano, séduit par son originalité et sa liberté de ton. Retour sur un compositeur qui flirte avec le génie de ses contemporains et qui retrouve ici ses lettres de noblesse.

Anne Grafteaux Geli
Publié le 29/11/2020 à 19:13, mis à jour le 12/01/2022 à 21:50.