Ravel l’exotique

Ensemble Musica Nigella
CD KLARTHE Records

Sous le titre "Ravel l’exotique" Takénori Némoto à la tête de son Ensemble Musica Nigella revisite différentes oeuvres d’inspirations étrangères du Maître de Ciboure. Transcrire des partitions du plus grand orchestrateur du 20e siècle pour un orchestre de chambre relève du défi pour ne pas dire du péril. Si les propositions de Shéhérazade et de Tzigane restent cohérentes, la réduction orchestrale de la Rhapsodie espagnole lui ôte toutson charme. Maurice Ravel lui même très minimaliste composa ce texte pour grand orchestre afin de jouer sur l’amplitude dynamique et pour
créer en grand coloriste cette alchimie unique entre les timbres. Malgré une belle interprétation sensuelle à souhait (Prélude à la nuit)ou encore ryhtmée (Feria) cette version ne parvient pas à faire oublier l’originale à l’atmosphère si envoûtante. Dans la Rhapsodie de concert Tzigane, le violoniste Pablo Schatzmandéploie un beau lyrisme dans l’Allegro et le Meno vivo grandioso mais la cadence introductive manque de mordant et de rugosité dans les attaques. Le violon de Tzigane se doit d’être libre et rebelle.
Dans Shéhérazade, la fluidité de la voix de Marie Lenormand, sa diction parfaite et ses nuances impéccables font merveille comme en témoigne la très évocatrice "Asie". Son interprétation des Trois poèmes de Stéphane Mallarmé, pleine de sensibilité, semble moins performante malgré un bel écrin orchestral. Délicat et pointilleux, le chef décode magistralement le texte complexe et combien subtil.
Dans L’introduction et allegro, la harpe D’Iris Torrosian nous enchante. Tout le raffinement de l’écriture y compris dans le traitement orchestral est mis en valeur grâce à une lecture particulièrement éthérée. Si Ravel s’est beaucoup adonné à la transcription, on peut douter de l’intérêt d’un tel exercice sur ses propres partitions, même si les arrangements s’avèrent comme ici excellents.

Anne Graftreaux Geli
Publié le 03/09/2019 à 06:20, mis à jour le 09/09/2021 à 19:45.