Halle aux grains
> 5 avril

Joies et tumultes

Orchestre National du Capitole de Toulouse
Lors de la création de sa quatrième symphonie à Londres en mai 1833 par la Royal Philharmonic Society, Felix Mendelssohn qui dirigeait le concert choisit, également, d’interpréter au piano le concerto 20 de Mozart. Et bien ce soir, Maxim Emelyanychev fait le même choix. Dans l’œuvre de Mozart qu’il dirige de son piano, il introduit, de son clavier, par une courte cadence personnelle, l’orage passionné de l’Allegro qu’il déroule avec une intensité poignante sans négliger le don du chant et le sens du sourire, en un mot la grâce souveraine qui imprègne la partition. La Romance, telle une tendre déclaration d’amour, semble un moment d’éternité qui reste suspendu longtemps malgré l’impressionnante gravité qui bientôt apparaît. Enfin, dans l’Allegro vivace assai, son imagination galopante enflamme cette joyeuse tempête qui s’échappe vers une autre dimension. L’Orchestre National du Capitole de Toulouse qui lui fait face, premiers et seconds violons de part et d’autre, les contre basses derrière les premiers violons, les vents en bataille, lui offre une verve jubilante dans un esprit concertant qui n’est rien moins que Mozart lui même. Après le triomphe qui clôt cette interprétation superlative, cet artiste rare nous régale encore du doux alanguissement impressioniste du Clair de Lune tiré de la Suite Bergamasque de Claude Debussy. Dans Mendelssohn, l’ouverture La Belle Mélusine qui ouvre le concert et la quatrième symphonie qui le referme, c’est l’étonnante légèreté virevoltante et le dynamisme de sa direction que l’on admire. L’Orchestre du Capitole semble ici littéralement chanter et grâce à cette baguette de mage malicieux ce sont maints paysages éternels italiens et des danses aquatiques effrénées qui prennent vie devant nos yeux (et nos oreilles) éblouis.

Jean-Félix Marquette
Publié le 15/04/2019 à 20:53, mis à jour le 09/09/2021 à 19:45.