Halle aux Grains
> 19 avril

Passions et trahisons

Orchestre National du Capitole de Toulouse
Photographie par Harald Hoffmann
Frank Peter Zimmermann, violon
Frank Beermann, direction


Emblématique de son large répertoire, il l’a enregistré dès 1995, en public, avec le Berliner Philharmoniker dirigé par Wolfgang Sawallisch, le concerto pour violon de Johannes Brahms est dans l’archet de Frank Peter Zimmermann. Son interprétation, somptueuse, majestueuse et habitée ( à l’image de la magnifique cadence du premier mouvement et des deux bis donnés après le triomphe: la transcription due à Henrich Wilhem Ernst du lied Der Erlkönig de Franz Schubert et la Sarabande de la Partita 1 de Johann Sebastian Bach ), ses phrasés évoquant grandeur et sérénité se heurtent cependant à un orchestre quelque peu brouillon, manquant de nuances, aux relances parfois incertaines. On a souvent l’impression que Frank Beermann subit les desseins stratosphériques de cet immense violoniste au lieu de les presser.
Quoi qu’il en soit, cette bataille, largement dominée par le soliste, déchaîne l’enthousiasme de l’auditoire qui applaudit à tout rompre les belligérants.
Frank Beermann et l’Orchestre National du Capitole de Toulouse se rachètent dans le quatuor en sol mineur du même auteur orchestré par Arnold Schœnberg en 1937 pour honorer une commande d’Otto Klemperer et du Los Angeles Philharmonic.
On peut évidemment penser ce que l’on veut de cette orchestration d’un quatuor pour piano et trio à cordes, mais Arnold Schœnberg en fait un véritable concerto pour orchestre mettant en valeur de multiples instruments (qu’ignorait le XIXe siècle ) où domine une percussion presque trop envahissante.
Frank Beermann la dirige dans ce sens, accentuant les contrastes, libérant l’énergie qui irrigue la partition, mais n’oubliant jamais de respirer pour exhaler bouffée de fraîcheur et transparence bienvenue. Le public, seul véritable juge, est conquis.

Jean-Félix Marquette
Publié le 29/04/2024 à 18:33.