Halle aux grains
> 12 mai

Gestes héroïques

Orchestre National du Capitole de Toulouse
Photographies Sammy Hart et Marco Borggreve
Clemens Schuldt, direction
Baiba Skride, violon


Jeune chef allemand, Clemens Schuldt dresse un portrait contrasté du héros byronien dans l’ouverture Manfred de Robert Schumann. Soignant un drame poignant, il s’emploie avec une fougue fiévreuse à gommer l’angoisse palpable qui imprègne la partition pour en magnifier, au contraire, la ferveur héroïque. La dynamique et les syncopes de l’Orchestre National du Capitole de Toulouse exacerbent cette optique avec une ampleur presque oppressante.
Dans le concerto pour violon 2 de Serge Prokofiev, Baiba Skride grâce à une sonorité claire et à un archet bondissant, privilégie, notamment dans l’émouvant deuxième mouvement, un lyrisme chatoyant. Dans les deux Allegri, elle n’a pas peur d’afficher une sauvagerie ravageuse. Très attentif, Clemens Schuldt lui oppose un accompagnement souple mais mordant.
Très applaudie, l’interprète lettone s’efface alors après nous avoir charmé une fois encore avec un bis extrait d’une Partita pour violon seul de Johann Paul von Westhoff, compositeur allemand précurseur de Jean Sébastien Bach.
Quand retentit la Sinfonia Eroica de Ludwig van Beethoven, les auditeurs de la Halle aux Grains s’attendent au déluge prométhéen annoncé, et Clemens Schuldt ne nous déçoit pas. Solennel sans être grandiloquent, il peint d’une baguette précise un vaste panorama où fracas guerriers, plaintes funèbres et charges héroïques se télescopent telles des explosions stellaires ne pouvant que nous laisser aussi songeurs que pantelants.

Jean-Félix Marquette
Publié le 24/05/2018 à 16:18, mis à jour le 12/05/2019 à 21:34.