Johannes Brahms, Ein deutsches Requiem

Orchestre symphonique de la radio de Francfort
Chœur de la radio suédoise
Direction: Paavo Järvi
Solistes: Nathalie Dessay, soprano, Ludovic Tézier, baryton

Cette nouvelle version du Requiem allemand de Brahms est une illustration magnifique de l’Europe culturelle: le chef estonien Paavo Järvi, accompagné de deux chanteurs français exceptionnels, la soprano Nathalie Dessay et le baryton Ludovic Tézier, dirige l’orchestre de la radio de Francfort le chœur de la radio suédoise. Même s’il n’était pas à proprement parler religieux, Brahms a constamment été en quête de transcendance et dans cette optique son Requiem est une œuvre originale et fascinante. Il avait d’ailleurs envisagé de l’appeler Requiem humain, pour justifier qu’il soit centré d’abord sur l’homme, d’une certaine manière invité à se surpasser. Il abandonne le texte liturgique catholique pour rassembler différents extraits de la Bible en allemand, tirés de la célèbre version de Luther. Si l’idée lui est peut être venue lors de la tentative ratée de suicide de Schumann , Brahms mettra près de 15 ans à composer toutes les 7 parties du Requiem qui ne connaîtra pas immédiatement le succès qui ensuite ne le quitta plus. Brahms a joué un rôle essentiel dans la mutation de la musique symphonique au XIXe siècle. Tandis que Carl Maria von Weber fait à certains égards pont entre les compositeurs de la fin du XVIIIe siècle et Richard Wagner, Brahms relie les grands allemands, Bach, Haendel, Beethoven lui-même à l’école de Vienne, des symphonistes aux dodécaphonistes.
L’interprétation proposée est très réussie, alliant finesse et puissance, douleur et sérénité retrouvée. La direction chorale est subtile, refusant les effets de masse au profit d’une approche toute en nuances, laissant souvent l’avantage aux voix sur les instruments, parfaitement présents, jamais dominants et exaltant à merveille les parties des solistes. Nathalie Dessay assure le très beau Ihr habt nun Traurigkeit tiré de l’Evangile selon Saint Jean d’une manière très dépouillée qui conduit à l’extrait de l’Ecclésiaste Ich… habe grossen Trost funden dans une sorte de progression: sa voix exprime parfaitement l’angoisse puis l’apaisement. Ludovic Tézier montre une fois de plus que le repérage de Nicolas Joël était une fort bonne idée!
Bref une très belle interprétation, sans doute moins germanique que d’autres, mais ce n’est pas une réserve.

Danielle Anex-Cabanis

1 CD Virgin Classics

Publié le 06/06/2011 à 11:34, mis à jour le 26/01/2019 à 19:35.