Salle du Sénéchal
> 24 janvier

Des mots et des notes

Concert conférence d’Utmisol
Avec la complicité talentueuse de trois jeunes violonistes, notre président nous entraîne sur les pas de Paganini. Mêlant la grande science musicologique que nous lui connaissons à de jolies touches d’humour, il nous aide à percer le mystère de cet inclassable personnage, à la fois virtuose et compositeur, mondain et indépendant, séducteur et horripilant pour certains, dont les plus sévères lui refusent jusqu’à la qualité d’artiste. Si l’on peut épingler des traits de caractère pas toujours sympathiques, il faut les dépasser pour découvrir et apprécier celui jouait en quatuor avec Ingres à Rome, suscitait de son vivant l’admiration émue et créatrice de Berlioz – il lui dédicace Harold en Italie, inspiré de Byron, que Paganini n’apprécie toutefois pas assez pour accepter de le créer.
Paganini est anobli par le pape, est violon de cour chez Elisa Bonaparte, avant d’être virtuose de la Chambre de l’empereur, dignités qui ne suffisent pas à l’attacher. Il aime son indépendance et entend gérer sa carrière seul, en donnant d’innombrables concerts dans toute l’Europe, ce qui lui permet d’amasser une immense fortune de l’ordre de 4-5 millions d’euros, ainsi que de posséder des instruments prestigieux, dont deux Guarnerius del Gesu et deux Stradivarius… Il a le malheur de perdre sa voix, sans doute en raison d’un cancer des cordes vocales qui finit par l’emporter en 1840 – il a 58 ans…
L’analyse de son œuvre le montre prodigieusement doué et les 24 caprices de 1818 en sont une illustration particulièrement remarquable: c’est à la fois un outil de démonstration de la virtuosité la plus poussée et une sorte de méthode d’enseignement de l’extrême dans l’a rt du violon. Il y fait preuve d’une inventivité exceptionnelle qui explique que les éditeurs de musique se battent pour l’imprimer. C’est précisément cette œuvre que les trois jeunes violonistes de ce soir nous offrent avec un talent et un enthousiasme remarquable. Le public nombreux de la salle du Sénéchal applaudit successivement Benjamin Borhani dans les Caprices 11 et 15, Robin Apparailly pour les 13 et 20 et pour terminer Mathieu Garguillo dans le 16. Subtils et brillants à la fois, les trois jeunes gens sont une belle promesse d’avenir qu’on leur souhaite radieux. Grâce à eux et au conférencier, le temps est passé très, trop vite. Merci à tous les quatre!

Danielle Anex Cabanis
Publié le 28/01/2011 à 09:37, mis à jour le 26/01/2019 à 19:35.