Théâtre du Capitole
> 11 janvier

La Russie est grande, Tugan est son prophète !

Photos Patrice Nin
On ne pouvait rêver de début d’année plus jubilatoire. Les fiançailles au couvent de Prokofiev sont une extraordinaire pochade servie par une musique inventive. Livret et partitions fourmillent de clins d’œil pertinents et drôles à la fois. La version du Capitole est une double réussite: sous la baguette enthousiaste et précise de Tugan Sokhiev, chœurs et orchestre du Capitole sont excellents et servent une brochette de solistes, dont plusieurs avaient fait leurs débuts au Capitole à l’occasion de Iolanta. Beaucoup sont russes et je retiendrai particulièrement la délicieuse Louisa incarnée par la voix suave d’Anastasia Kalagina. La prestation de Larissa Diadkova en duègne illustre un grand talent de comédienne en plus de ses qualités vocales, ce que l’on reconnaît aussi sans réserve à Brian Galliford, excellent en don Jérôme, et à Garry Magee, un fort convaincant Don Ferdinand. Mikhail Kolelishvili campe un Isaac Mendoza cocasse à souhait. Signalons aussi la maîtrise remarquable de la technique difficile qu’adorait l’Ecole de Vienne du discours chanté-récité. Un décor très imaginatif et une mise en scène alerte contribuent à la réussite de cette soirée.
Le public, dont une partie plissait le nez à vingt heures, est conquis, rit sans réserve aux scènes les plus drôles d’une histoire fondée sur des ressorts comiques assez simples: que les hommes sont balourds, que les femmes sont fines et que les ecclésiastiques sont ridicules! Que chacun y retrouve son morceau de vérité.
Dans tous les cas, cela avait l’avantage de ne pas chatouiller la censure de Staline en 1946 lors de la création, pas plus que cela ne suscite de débats de conscience aujourd’hui!

Danielle Anex-Cabanis
Publié le 12/01/2011 à 17:56, mis à jour le 26/01/2019 à 19:35.