Halle aux grains
> 13 octobre

Conversation à distance

Festival International Toulouse les Orgues
Kazuki Yamada, direction. Photo Marco Borggreve
ORCHESTRE NATIONAL DU CAPITOLE DE TOULOUSE

Michel Bouvard, orgue
Kazuki Yamada, direction

Ce concert donné en partenariat avec le Festival Toulouse les Orgues avait la particularité de retransmettre en direct la partie d’orgue, tenue avec une maîtrise rare par Michel Bouvard, de la cathédrale Saint-Etienne de Toulouse. Le public voyait cette retransmission sur un grand écran tendu dans la Halle-aux-Grains. C’est Michel Bouvard qui ouvre le concert, après un court préambule explicatif sur les singularités de son instrument, avec la Fantaisie et fugue en sol mineur BWV 542 pour orgue de Johann Sebastian Bach. De cette déclamation énergique mais inquiète, ce maître organiste en extraie la quintescence qui magnifie ainsi la profondeur du message bachien.
Puis, c’est l’entrée de l’Orchestre National du Capitole de Toulouse aux mains du très doué Kazuki Yamada pour nous éblouir tout d’abord par une des rares pièces pour orchestre: Instants passés du compositeur toulousain Xavier Darasse dont on célèbre le vingtième anniversaire de la disparition. Cette dernière composée en 1989 pour un grand orchestre se caractérise par un enchaînement d’événements musicaux à l’écriture aussi virtuose qu’extatique ponctués par des déflagrations rageuses des nombreuses percussions. L’Orchestre du Capitole dirigé avec une intelligence du texte rare par Kazuki Yamada s’y montre à son meilleur.
Succède à ces beaux instants passés le célébrissime concerto pour orgue de Francis Poulenc. Là encore, Michel Bouvard s’y montre souverain. Sa “conversation” à distance avec l’Orchestre du Capitole est aussi accomplie qu’efficiente, aussi inspirée que charmeuse. L’accompagnement orchestral, souple et fougeux, relance avec à propos les tendres fusées de son partenaire à tuyaux. Aprés moult applaudissements les musiciens bisseront le final de cette œuvre enjouée et brillante.
Le meilleur viendra peut-être aprés l’entracte: en effet, il y avait bien longtemps que l’on n’avait entendu une Symphonie Fantastique aussi idiomatique à la Halle-aux-Grains. Ici, Kazuki Yamada affiche toute l’étendue de son talent, toute son intime compréhension de l’œuvre de Hector Berlioz. Cette symphonie, fleuron du Romantisme, se révèle, grâce à cette baguette aussi fine que chaleureuse, comme un cheminement naturel du bonheur pastoral vers la folie démoniaque. Tendresse et souffle mélés offrent un drame sensuel et violent reflétant la profonde humanité et le vécu fantasmé de l’auteur.
Un concert qui restera longtemps dans le souvenir de ses auditeurs.

Jean-Félix Marquette
Publié le 18/10/2012 à 17:52, mis à jour le 26/01/2019 à 19:35.