Cecilia Bartoli

Farinelli
CD Decca Classics

Cecilia Bartoli présente son nouvel album Farinelli. Comme elle le fait depuis plusieurs années, elle prépare simultanément un concert et le CD qui en conservera le souvenir. Plusieurs grandes voix, pas moins que Philippe Jaroussky entre autres, se sont intéressées à la destinée passablement romanesque du célèbre castrat. Dans cette ligne, Cecilia Bartoli retrace la vie de Farinelli en choisissant de chanter certains des airs supposés avoir fait partie du répertoire de Farinelli au sommet de sa gloire, si l’on en croit les documents du temps. Au-delà d’une splendide démonstration de virtuosité, la mezzo, qui s’enlaidit à souhait dans un photomontage qui la transforme radicalement, en couverture de l’album, explore la question du genre dans les rôles de l’opéra baroque et souligne l’importance de ce phénomène des castrats qui ont fait la gloire de nombreuses oeuvres de l’époque. Pour donner corps à la carrière du chanteur, Cecilia Bartoli a choisi des airs significatifs issus des oeuvres de son frère Riccardo Broschi, de son mentor Nicola Porpora, ainsi que de Hasse, Caldara et Giacomelli. Deux airs sont enregistrés en première mondiale: Lontan… Lusingato dalla speme du Polifemo de Porpora et Si, traditor tu sei de La Merope de Broschi.
Comme à l’accoutumée, Cecilia Bartoli offre une prestation éblouissante, prenant toutefois le risque que les auditeurs du concert structuré comme le CD fassent la comparaison et cherchent les éventuelles et inévitables petites imperfections du direct. Dans un esprit de collectionneur, ce Cd est incontournable et les qualités vocales ne subissent aucun démenti, mais côté émotion, cela ne manque-t-il pas d’une certaine pâte? L’auditeur est admiratif devant les prouesses vocales et autres acrobaties, mais pas vraiment touché, d’autant plus que le phénomène suscite un rejet sans réserve aujourd’hui.

Danielle Anex Cabanis
Publié le 03/02/2020 à 21:13, mis à jour le 12/01/2022 à 21:50.