Dreamtime

Emmanuel Pahud
Ivan Repusic, Münchner Rundfunkorchester. CD Warner Classics

Ce programme entièrement dédié à la flûte débute par le concerto de Penderecki. Divisé en sept parties, il montre les atmosphères très différentes que le compositeur a voulu donner dans sa musique. La flûte y soliloque souvent, son discours étant ponctué par l’orchestre plus qu’un dialogue entre le soliste et ce dernier. Tantôt sombre (più animato), dansant (poco meno mosso), ou même onirique (andante récitation), les différentes parties sont néanmoins unifiées par de subtils rappels thématiques. Le jeu de Emmanuel Pahud peut pleinement s’exprimer dans ces pages virtuoses, que Penderecki avaient taillées sur mesure pour son ami Jean-Pierre Rampal auquel il avait dédié cette oeuvre. L’écriture de la partie soliste utilise les resources de l’instrument sans le dénaturer, mais au contraire en le mettant en valeur. Une oeuvre vraiment intéressante à connaître.
Dans un tout autre style, le concerto de Reinecke, nous entraîne dans une écriture post-romantique. Peu joué, ce concerto fait la part belle au soliste, l’orchestre servant d’écrin à la flûte. Là encore, Emmanuel Pahud déploie toute une palette de couleurs, où le vibrato est ici dosé avec beaucoup de subtilité. On pourra tout de même reprocher au mouvement lent une certaine torpeur, laissant à l’interprète le soin de surajouter à la musique sa propre sensibilité pour capter l’attention de l’auditeur.
Le disque se termine par la très belle pièce de Takemitsu au nom évocateur de I hear the water dreaming. Une musique descriptive, l’on perçoit nettement l’allusion à la nature. Une musique où le temps est comme suspendu, les silences structurent le discours de la flûte, accompagné par un chatoiement orchestral sans cesse renouvelé.

Michel Pertile


Présentation de l’album
Publié le 15/12/2019 à 18:53, mis à jour le 09/09/2021 à 19:45.