Les saisons

Trio bohème
Tchaikovsky, Piazzolla. Igor Kiritchenko, Jasmina Kulaglich, Lev Maslovsky. CD Calliope.

Dès les premières minutes, le ton est donné: des Tempi qui n’avancent pas, , un violon aux sonorités bien ternes… tout cela ne décolle pas. Janvier se traîne. Février mois du carnaval, devient une promenade douceâtre, sans aspérités, tout comme le chant d’automne, où l’on a du mal à percevoir l’inquiétude de cette musique. (Ecoutez ce qu’en fait Brigitte Engerer!). Septembre n’a plus sa fougue et sa vigueur, et devient bien insipide. La pianiste arrive à tirer son épingle du jeu, elle essaye d’instiller à ses deux partenaires un souffle d’élégance et d’engagement. (très tendre dans la barcarolle, plage 6). On peut aussi reprocher des maladresses d’écritures dans la transcription: le violon joue souvent dans le suraigu, ce qui modifie le caractère du morceau, déséquilibrant souvent le trio: (plage 7: le chant des moissonneurs prend des couleurs trop crues). Décembre est le seul morceau où la transcription semble fonctionner: équilibre et cohérence des trois parties, où le violoncelle ne fait pas que du remplissage mais participe réellement au discours narratif.
Le trio de Piazzola est du même acabit: on cherche le parti-pris d’interprétation, l’engagement, mais on a du mal à le trouver. Tout est à sa place, bien exécuté, mais trop policé, on aimerait un Piazzolla plus acéré, plus mordant.
Prise de son manquant de contours, piano souvent nébuleux.

Michel Pertile
Publié le 29/10/2019 à 06:49, mis à jour le 09/09/2021 à 19:45.