Teatro Massimo, Palerme
> 24 juin

L’élixir d’amour

Photographies par Rosellina Garbo et Franco Lannino
Un délicieux opéra d’été dans un décor coloré et joyeux, inspiré du cycle du cirque de Botero, dû à Victor Garcia Serra qui assure la mise en scène avec des costumes amusants, décalés dans la ligne du cirque dus à Marco Guyon. Dans la magnifique salle du théâtre aux tons poudrés, c’est une foule élégante qui a applaudi sans réserve une fort réussie (re)présentation de l’Elixir d’amour. On est prêt à croire cette histoire invraisemblable, ce melodramma giocoso qui finit bien. Adina affecte de négliger l’amour éperdu de Nemorino qui achète un prétendu philtre à un charlatan, Il Dottore Dulcamara, qui lui fait croire que toutes l’aimeront. Pendant ce temps, un officier bien nommé Belcore fait la cour à la belle, la presse de l’épouser ce qu’elle paraît accepter, tout en pensant à son soupirant. Elle fait traîner. Nemorino s’engage dans l’armée pour avoir de quoi acheter une seconde bouteille, la boit au moment où les femmes du village apprennent qu’il vient d’hériter et le trouvent subitement intéressant. Il n’en a que faire et il évoque pour se donner du courage una larma furtiva, son grand air, qu’Adina aurait essuyée. Elle revient, après avoir racheté son billet d’engagement, c’est donc sûr qu’elle l’aime puisqu’elle ne peut supporter qu’il risque la mort. Apothéose finale… Giannatta ponctue le tout de commentaires un peu grinçants.
Tour cela est dirigé de main de maître par le Maestro Alessandro d’Agostini à la tête de l’orchestre et des chœurs de l’opéra de Palerme, complétés par des acrobates et des danseurs, dans la figuration du cirque. Les Palermitaines Laura Giordano, Adina, et Maria Francesca Mazzara, Giannetta, sont charmantes. Elles ont l’une et l’autre une fort jolie voix et un excellent jeu scénique, renforcé par leurs tenues de fausses petites filles dont elles jouent délicieusement. Arturo Chacon-Cruz est un très bon Nemorino auquel répondent non sans talent Giuseppe Altomare, un Belcore, vite consolé, et Giovanni Romeo, qui campe un truculent Dulcamara.
C’est enlevé, bien interprété avec la légèreté des sorbets d’été siciliens. Il faut ajouter que le personnel d’accueil du Teatro est aux petits soins, nous permet d’aller visiter la salle de la coupole, s’assure que tout va bien avec grâce et gentillesse, ce qui ajoute encore au bonheur de la soirée.

Danielle Anex-Cabanis
Publié le 05/07/2018 à 13:53, mis à jour le 15/09/2019 à 19:49.