Halle aux Grains
> 29 février et 6 mars

Mozart pour tous les soirs

Orchestre National du Capitole de Toulouse
29 février:
Roberto González-Monjas, direction et violon
6 mars:
Fabio Biondi, direction et violon
Alexandre Tharaud, piano


La Halle aux Grains affiche lors de deux concerts successifs une programmation dévolue au seul Mozart.
Le premier dirigé par Roberto González-Monjas, futur chef du Mozarteum de Salzburg, ce qui montre sa proximité avec la musique de ce compositeur, a l’intelligence d’associer la première et la dernière de ses symphonies.
En effet la symphonie 1 en mi bémol majeur, KV. 16, composée à Londres à l’âge de huit ans, comporte trois mouvements et exprime un élan et une vitalité qui seront toujours les marques de fabrique de ce génie. La symphonie 41 en ut majeur, KV. 551, la dernière, composée en 1788, chef-d’œuvre de la symphonie classique, expose profondeur, perfection technique et souffle divin d’où son surnom de «Jupiter».
Roberto González-Monjas en dégage leur énergie vitale sans en négliger la malice espiègle de la première et la poésie intrinsèque de la dernière. L’Orchestre National du Capitole de Toulouse y exprime une jeunesse et une envie de vivre communicative.
Ce chef mozartien est aussi violoniste et il nous le démontre dans le concerto en sol majeur, KV. 216, qu’il dirige de son instrument. Fluide et éloquent, il nous envoûte d’un chant pur qui s’épanche avec volupté sur l’accompagnement appliqué de son orchestre.
Le second concert, dirigé également par un chef violoniste: Fabio Biondi met en valeur le talent transcendant d’Alexandre Tharaud. Ce grand pianiste exprime dans le concerto 9 «Jeune homme» en mi bémol majeur KV. 271 un sourire métaphysique et un chant intense qui subliment ce moment de grâce absolue que constitue cette œuvre. Le dialogue avec l’orchestre, un peu écourté, relance néanmoins les traits ininterrompus du soliste.
Fabio Biondi, sobre et appliqué dans son accompagnement et dans l’ouverture de Lucio Silla donnée en hors-d’œuvre, se déchaîne enfin dans les trois symphonies qu’il dirige de son violon après l’entracte.
Ainsi, les symphonies 11 KV. 84, 13 . KV. 112 et 30 KV. 202 qui datent, respectivement de 1770, 1771 et 1774, en trois ( pour la première) ou quatre mouvements, symboles d’un hédonisme humaniste, aussi fraîches qu’élégantes, affichent ici une légèreté quasi aérienne et une fulgurante énergie, qui dans des tempi vifs, manifestent douce ironie et profonde tendresse. Un régal!

Jean-Félix Marquette
Publié le 13/03/2024 à 19:18, mis à jour le 13/03/2024 à 19:20.